Projets pédagogiques et culturels

L'Avare : analyse de la mise en scène par les 4°5

Par SYLVAIN NICOLINO, publié le jeudi 13 février 2014 11:45 - Mis à jour le jeudi 13 février 2014 11:54

ANALYSE DE LA MISE EN SCENE DE L'AVARE (4°5)

JOUEE PAR LA COMPAGNIE L'ESQUISSE

SAINT-ORENS (jeudi 30 janvier 2014)

http://www.compagnie-esquisse.com/avare.html

Toutes les photos ont été prêtées par Stéphane Fauré, un grand merci à lui !

stephane.faure.92@facebook.com

 

LE CHOIX DES COMEDIENS / LEUR JEU

Valère a un costume noir qui est différent du costume de l'autre valet de l'histoire (La Flèche). Son costume ne faisait pas valet, on avait quelque chose qui ressemblait davantage à un habit bourgeois du XIXème siècle. C'était une sorte de smoking, quelque chose d'élégant. Il avait en accessoire une rose rouge du côté droit et des mocassins vernis.

 

 

Elise était en robe noire avec une chemisette blanche, comme Valère, elle n'était pas habillée comme les filles de l'époque mais plutôt d'inspiration gothique, elle avait les cheveux longs, légèrement frisés, châtains ; elle avait des chaussures à talons, une robe qui tournait, un style simple et détendu. Sa coiffure et ses habits accentuaient son côté rebelle : c'était ébouriffé, sa robe était un peu dans un style troué.

 

 

 

 

Cléante était en costume noir aussi, efféminé par sa voix qui n'était pas grave. Il avait l'air lâche, timide ou réservé. Il était naïf et soumis : ça se voyait parce qu'il disait oui à tout et qu'il évitait son père lorsqu'il bougeait. Il se défilait un peu devant son père, il avait peur de lui. Il s'éloignait rapidement. Mais au fur et à mesure, on voit qu'il n'est pas d'accord et qu'il le dit. Il prend les choses en mains et répond à son père. Il est moins stressé : ses paroles bien sûr, mais aussi son jeu le montrent ; lors de la malédiction que lui jette son père, il traverse la scène pour menacer et répondre à Harpagon.

 

 

Mariane était la seule habillée tout en blanc, elle est la plus timide, sa voix était plutôt aiguë, comme une voix de petite fille, d'enfant. Elle tenait toujours ses mains. Elle aussi elle avait peur d'Harpagon, elle se cachait derrière Valère et quand Frosine la présente à Harpagon la première fois, elle se tient vers le public, sur l'avant-scène.

C'est un personnage qui ne bouge pas trop de l'endroit où elle est placée, ça crée une différence avec le personnage d'Elise.

 

 

Harpagon est un personnage violent : on le voit gifler son fils Cléante et même sa fille Elise qu'il fait tomber par terre ! Parfois il trahit son secret, ça s'entend avec ses mots, mais aussi par le jeu : il se met à bafouiller, à montrer son angoisse ; ses mains tremblent, il ne sait pas trop où les mettre, il les tripote, comme s'il avait une maladie de Parkinson. Il est radin, on le voit grâce à ses habits : il n'est pas à la mode et ses vêtements sont déchirés. Il se tient avachi, courbé, comme s'il avait une bosse dans le dos.

Il est capable d'exagérer ses sentiments : il se traîne par terre. Dès qu'il y a un bruit, il accourt, il va souvent sur le tas du décor comme s'il voulait dominer tous les autres. Il porte des mitaines qui cachent sa bague. Il avait une voix agressive, nasillarde. Il se tenait comme un singe en s'aidant des pieds et des mains pour se déplacer, sans éducation, dès qu'on parlait d'argent il avait un côté sauvage, on aurait dit Gollum. Lors du final, Cléante lui jette une à une des pièces de son trésor et le vieil homme va les ramasser à quatre pattes...

 

 

 

La Flèche était le personnage le plus comique de la pièce. Il porte un bonnet. Par exemple on a aimé lorsque la Flèche raccompagne Maître Simon en coulisses mais que c'est pour le jeter (bruitages) et qu'il revient avec le fauteuil roulant vide et en sifflant. C'est aussi la Flèche qui imite le chien en allant voler le trésor qu'il guette depuis le début. Il passe souvent dans la scène alors qu'il n'a rien à y faire, avec une échelle, une caisse et puis il repart car il voit qu'il y a des conflits. Il n'était pas dans le final lors des salutations car c'est le même comédien qui jouait La Flèche et sans doute Anselme.

Pour expliquer les conditions du prêts, La Flèche sort un pupitre et il fait comme s'il avait un micro : il a lu le livre de comptabilité en ajoutant des bruitages, des onomatopées (il a le droit, ce n'est pas du texte) et il rigole car son maître se fait avoir. C'est quelqu'un de farceur.

 

Frosine est une séductrice, elle a des talons hauts et une robe un peu décolletée, elle est en rouge et noir, elle joue avec sa bretelle de soutien-gorge, elle drague, elle tripote La Flèche ! Elle joue les prostitués. La plume qu'elle porte sur la tête lui donne un air un peu fofolle et son costume est plus moderne que celui des autres.

 

Maître Jacques est un personnage petit et il était un peu enrobé pour accentuer son rôle de cuisinier (il se rapproche du personnage Polichinelle dans la Commedia dell'arte). Il incarne deux métiers : cuisinier et cocher. Il chante lorsqu'il change de costume. Quand il s'énerve, il devient tout rouge.

 

Le commissaire sort à chaque fois son calepin et son stylo de sa poche pour tout noter. Il est appelé par un coup de téléphone lorsque Harpagon veut signaler le vol : assez étrange ce retour au monde d'aujourd'hui. Avec Harpagon ils font des "Ha" à chaque fausse preuve et Harpagon dit "notez-le", ça permet de bien suivre.

 

Seigneur Anselme a une calvitie. Mais il fait bien trop jeune pour être le père de Valère et Mariane ! Normalement c'est quelqu'un qui a soixante ans ! C'est dommage.

 

Maître Simon n'apparait qu'une seule fois dans la pièce, mais on le retient avec son fauteuil roulant et sa voix de personne en train de mourir. Lorsqu'il crache, ça fait bien rire tellement c'est sale et que ça dégoûte.

 

Plusieurs personnages manquent à l'appel : ceux qui avaient un rôle très réduit dans la pièce de départ : Brindavoine, Dame Claude, La Merluche.

Ils étaient neuf à saluer donc ça veut dire qu'il y a un comédien qui jouait deux rôles.

 

LE JEU

La pièce commence sans paroles : la lumière est bleue, les personnages entrent au fur et à mesure et s'immobilisent sur scène. Nous n'avons pas réussi à voir s'ils entraient dans l'ordre de leur apparition sur scène. La musique électronique occupe l'espace audible. Cela créera une surprise puisque La Flèche est caché dès le début dans le décor, là où il dort.

Dans les premières scènes, la voix des comédiens n'est pas assez puissante, il faut tendre l'oreille.

Cléante pose sa tête sur les genoux de sa soeur Elise, il se fait dorloter.

Cléante et la Flèche se cachent le visage derrière des cagoules (?) et les autres ne les remarquent pas : c'est une astuce de dessin-animé...

Les personnages occupaient bien tout l'espace de la scène. Lorsque Harpagon est là, les autres ne disent pas son nom : ils disent "mon père" ou "il vient" (c'est dans le texte écrit par Molière).

Sur le plateau, les personnages ne sont jamais tous regroupés, ils ont du mal à être ensemble car Harpagon est au milieu et sa présence sépare les autres.

La lumière bleue et la musique reviennent ponctuer chaque changement d'acte : cela indique aussi Harpagon qui va observer son argent et faire comme s'il se douchait avec. Certains élèves regrettent cette modernité de la mise en scène par rapport à une mise en scène plus traditionnelle. Cependant, nous avons compris que ce bleu (lumière froide) accentue l'idée que dans cette maison, quelque chose ne va pas.

En revanche, lorsque la Flèche trouve le trésor, la lumière est orange.

 

 

LE DECOR / LES LUMIERES / LES BRUITAGES

Le décor montre que Harpagon joue à être pauvre : il est composé de pneus, de mouchoirs, de papiers chiffonnés, etc. Si c'est la fortune d'Harpagon, elle n'est pas composée de choses de valeur, mais de vieilleries...

Il y a un banc sur lequel s'assoient les personnages. C'est une simple planche de bois sur deux pneus. Il y a aussi un espace où se placer juste sous la partie la plus haute.

L'argent n'est pas caché, il est juste dans une cage en fer.

 

Chaque arrivée d'Harpagon est signalée par un coup de tonnerre et une musique un peu démoniaque.

Le décor prend la forme d'une pyramide ou d'un podium sur lequel se placent les personnages qui ont le plus de pouvoir : Harpagon puis le commissaire. On voit que Cléante se met à monter au fur et à mesure de la pièce mais sans aller en haut. En parallèle, c'est le moment où Harpagon se met à ramper au sol. Le fils dépasse le père et devient plus important.

Il y avait une grande toile verticale à l'arrière et les personnages apparaissaient en ombres chinoises derrière : on pouvait repérer ainsi les changements de scène.

La fumée était présente à différents moments, c'était intéressant mais ça ne faisait pas trop "d'époque" pour certains : on n'était pas dans le réalisme, mais dans le symbole, elle signifiait peut-être l'aspect secret de la découverte du trésor par La Flèche.

 

Le final est travaillé : après les dernières paroles, Harpagon est mis dans sa cage et les autres personnages lui jettent tous ses détritus dessus.

 

MEILLEUR MOMENT

Pour Axel, c'est le moment où la Flèche se débarrasse de Maître Simon. C'est débile car c'est juste à ce moment qu'on entend le bruit de la voiture qui l'écrase ! C'est très drôle du coup.